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COVID19 : Je suis rentrée en France

  • Writer: Clemence Fournier
    Clemence Fournier
  • Aug 17, 2020
  • 3 min read

Panique ! Il fallait que je prenne mes deux petites filles de 1 et 4 ans sous le bras et que je quitte le Laos rapidement pour rejoindre la France. J’avais le sentiment que le monde se fermait petit à petit et que je n’allais jamais pouvoir partir. Cela fait 8 ans que je suis expatriée, et quand le COVID-19 a frappé le monde entier, curieusement je ne me suis jamais sentie aussi Française et aussi loin de ma chère patrie.

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21 mars 2020, mes filles disent au revoir à leur Papa qui doit continuer à tenir les reines de l’entreprise qu’il dirige. Nous nous apprêtons à parcourir la moitié du globe en pleine pandémie pour rejoindre mes parents confinés dans les Hautes Pyrénées.

Les organisations Onusiennes et Ambassades se vident

Le Laos est officiellement considéré depuis le 1er juillet 2020 par la Banque Mondiale comme un état institutionnellement et socialement fragile au même titre qu’une quinzaine d’autres d’autres pays dans le monde. Lorsque vous vivez dans un pays où il y’a une forte présence d’organisations internationales, le premier signe qui vous alerte est le rapatriement soudain et le départ en masse du personnel d'aide au développement et des ambassades. Pour les personnes travaillant dans le secteur privé, l’enjeu n’est pas le même. Si la situation sanitaire dégénère, il n’est pas sûr que l’ambassade puisse affréter un avion pour vous rapatrier. Lorsque j’ai su que beaucoup d’expatriés partaient et que les frontières se fermaient petit à petit, j’ai décidé de partir avant qu’il n’y ait plus les vols commerciaux.

Le système de soin est inexistant, les frontières se ferment

Se faire soigner a Vientiane n’a jamais été une option envisageable. Je n’ai d’ailleurs pas accouché dans la capitale pour les mêmes raisons. Selon l’Ambassade de France au Laos “L’état général du système de soin au Laos est globalement insuffisant voire très médiocre”. L’Ambassade recommande sur son site les hôpitaux situés en Thaïlande, de l’autre côté de la frontière. La plupart des personnes qui souhaitent bénéficier de soins de qualité, traversent le Mékong par le Mittaphap Bridge qui relie la Thaïlande au Laos, pour se faire soigner dans la ville de Nong Khai ou à Udon Thani, à une heure de route. Vientiane connait des hôpitaux publics et privés mais cela n’est jamais une option que nous considérons. Nous avons nos habitudes dans une clinique privé où des médecins français et américains travaillent. Et fréquemment, lorsque la situation d'un patient au Laos est critique, la Thaïlande prend le relais.

Le 17 mars 2020, j’ai appris que les frontières avec Thaïlande allaient fermer, plus de pont, même pour une urgence médicale. Vientiane ne disposerait que de 10 ventilateurs et que les hôpitaux devraient être extrêmement vite dépassés.

Quand je repense aux nombres de cas qu’il y’a eu en France et comment le système de santé français a été éprouvé, je n’ose pas imaginer la situation Laos. Le pays se referme sur lui-même, plus de porte de sortie. Partir, ne pas prendre de risque pour mes filles.

Je suis Française et j’ai confiance en ma patrie

Départ de Vientiane, transit à Bangkok, atterrissage à Londres. Vols pour Paris annulés, changement de plan, on s'engouffre dans l’Eurostar. De l'autre côté de la Manche, mon père, muni d’une autorisation préfectorale conduit 16 heures sans s’arrêter pour aller nous récupérer à Paris dans un véhicule complètement bâchée. Nous ne nous sommes pas touchés, ni embrassés pendant 14 jours.

Après avoir traversé le globe, sauté à pieds joints dans 4 pays, en s'exposant potentiellement au COVID-19 plutôt que de rester au Laos ... était-ce absurde ? Je suis partie car je suis une maman de deux petites filles, que mon instinct m’a dit de m’enfuir coûte que coûte, je ne voulais prendre aucun risque pour elles.



17 août 2020, les frontières sont toujours fermées, le Mittaphap Bridge aussi, ses 1170 mètres n'accueillent que de rares cas d'urgences. Depuis le début de la pandémie, le nombre de cas au Laos ne s’est élevé qu'à 20 personnes. Après 3 vols, 17 heures d’escale a Séoul, une tonne de paperasse et d’autorisations pour pouvoir passer la frontière, nous sommes rentrées au Laos. Nous avons dû faire des tests anti COVID, puis, après 14 nuits en quarantaine dans une hôtel, mes filles ont pu enfin serrer leur père dans leurs bras.

Notre prochain pays d’expatriation offrira un vol direct vers la France et un système de santé qui tient à peu près la route ! Je n’ai plus l’âge et l’envie d’être insouciante.

 
 
 

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