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COVID19 : Je suis resté au Cambodge

  • Writer: Jean-Benoît Lasselin
    Jean-Benoît Lasselin
  • Jul 24, 2020
  • 3 min read

Alors que le crise sanitaire du COVID19 se diffusait peu à peu dans ma région d'accueil, nombreux sont ceux qui ont fait leurs valises. Je fais partie de ceux qui sont restés, voici pourquoi un retour en France n'était pas envisageable.

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S'expatrier très loin de la France, dans une culture à l'opposé de l'Occident, au coeur d'un marché émergeant, c'est connaître un quotidien qui vient en permanence remettre en question ses valeurs, ses convictions et sa vision de demain. Lorsque l'inattendu frappe notre quotidien d'expatrié, nous avons le choix entre se réfugier dans sa zone culturelle de confort ou embrasser l'imprévu.


Le premier cas de COVID19 au Cambodge a été confirmé le 27 janvier 2020. Le Global Health Security Index classait en 2019 le Cambodge en 89e position sur 195 pays, en matière de préparation à l'apparition de maladies infectieuses. L'épidémie fait son apparition en mars dans la capitale du royaume, les écoles ferment leurs portes et les déplacements domestiques et internationaux sont restreints au strict nécessaire. La communauté française s'organise, les départs pour Paris se multiplient, les pharmacies sont en rupture de stock, l'Ambassade de France au Cambodge organise des vols spéciaux pour rapatrier ses ressortissants, Phnom Penh se vide, le royaume tout entier est dans l'incertitude. En avril, le gouvernement stoppe les exportations de riz, les célébrations traditionnelles du nouvel an cambodgien sont reportées, je reçois des messages du monde entier : "Tu as pu attraper un vol pour Paris ?". Non, je suis resté au Cambodge.


Pour éviter les lieux d'affluence

Le Cambodge n'a compté aucune mort officielle liée au COVID19. Nous n'avons même pas connu de première vague. En raison d'une démographie rurale élevée (près de 75% de la population nationale), de très peu de lieux d'affluence sur le territoire, d'une population jeune et plusieurs autres facteurs, le pays a été préservé de contaminations en comparaison avec d'autres pays. La décision de rester peut paraître risqué en cas d'épidémie du fait du manque de places dans les hôpitaux et cliniques mais il est le choix de s'exposer le moins aux zones de contamination.


Pour ne pas me jeter au coeur de l'épidémie

Ce n'est pas un mythe, la vie d'expatrié dans de nombreux pays est une vie de privilèges : qualité de vie supérieure, solidarité, fort pouvoir d'achat, mobilité, emploi, tissu social ... Le retour en Europe ou ailleurs en dehors de nos vacances nous renvoie souvent à l'avant, une vie passée, le retour à ce que nous avons fui. Alors que le nombre de cas de contamination dépassait les centaines et que les morts se comptaient par dizaines en Occident, le Cambodge retenait son souffle pour passer entre les gouttes, et puis, pas de cas graves, pas de soirées privées où on se contamine, pas de regroupements sans masques qui font exploser les statistiques du lendemain, pas de morts mais des guérisons. Alors pourquoi s'exposer aux transports en commun, s'agglutiner dans les files d'attente pour prendre un avion et quitter une zone peu exposée pour "rentrer" et se réfugier en zones contaminées ?


Parce que je suis chef d'entreprise

Voilà plus de 10 ans que je vis au Cambodge, je m'y sens chez moi, j'y ai fait ma place et chaque jour m'apporte beaucoup de joie et de satisfaction dans mes projets personnels et professionnels. Impossible de partir au premier nuage, impensable de tout quitter en espérant revenir bientôt, inenvisageable de tourner le dos à mes équipes. Bref, partir serait une folie alors que le pays n'est ni contaminé, ni une zone de contamination.

Je ne vous cache pas que beaucoup de capitaines et de nombreux managers ont abandonné leur poste, ont laissé tomber des équipes entières et des projets aux premières alertes. Un comportement qu'ils payent aujourd'hui alors que les premiers vols reprennent.



Je suis resté au Cambodge par choix, mais surtout par conviction, parce que mon pays d'accueil n'a pas montré les signes d'une nation égoïste et indisciplinée, parce que se jeter au coeur de l'épidémie en passant par les zones de contamination pour entrer en quarantaine demandait trop de sacrifices dont je ne voyais pas l'intérêt. Je suis resté au Cambodge parce que cette crise sanitaire m'a conforté dans mes choix, certaines cultures préfèrent éviter la confrontation plutôt que de devoir en gérer les conséquences.

 
 
 

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